Fin du labyrinthe constitue le cinquième volet d’une méditation sur la mort, sous forme d’ascèse. Au terme d’un polyptyque que forment Le Cimetière de Sinera (1946), Mrs. Death (1952), Le marcheur et le mur (1954) et Les heures (1955), la langue se dépouille en quête de la clarté qui précède la lumière, de la lumière qui accueille le je sur la rive ombreuse. Le poème se fait tour à tour chemin, ascension et traversée « au cœur de l’hiver », dans l’espoir d’un « blé à venir », du point du jour jusqu’au coucher du soleil. Dans le langage en butte au silence, à la souffrance de l’homme arbre ou cerf, poursuivi par le temps, s’accomplit la quête de l’Absolu.
Traduite dans de nombreuses langues, l’œuvre de Salvador Espriu (1913-1985) est celle d’un des plus grands poètes du XXe siècle, dont le nom fut proposé pour le Prix Nobel de littérature. Il est devenu un emblème de la conscience et de la résistence culturale contre la repression franquiste, avec un ouvre comprenant poésie, théâtre, nouvelles et roman, riche en références mythologiques de toute la Méditérranée qui évoquent le monde dévasté par les guerres, la destruction de la civilisation qui touche autant individuellement que collectivement tout un peuple, mais créatrice également d'un univers littéraire particulier fondé sur la nostalgie de l'enfance et de la jeunesse à Sinera, mythification de sa ville natale d'Arenys. Le chanteur Raimon a mis en musique un bon nombre de ses poèmes les plus conus, contribuant à sa grande popularisation, comme ont pu le faire aussi les représentations de la compagnie théâtrale Adrià Gual avec Ronda de mort a Sinera (1966).
Fin du labyrinthe [édition bilingue]
De Salvador Espriu
Traduction du catalan par François-Michel Durazzo
Coédition Éditions du Noroît avec L’étoile des limites
82 pages